OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La nébuleuse suisse des copinages public-privé http://owni.fr/2012/11/29/la-nebuleuse-suisse-des-copinages-public-prive/ http://owni.fr/2012/11/29/la-nebuleuse-suisse-des-copinages-public-prive/#comments Thu, 29 Nov 2012 11:20:36 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=126801 Le Matin a traqué les liens entre public et privé dans l'attribution des marchés publics pour les résumer en une magnifique carte où se mêlent argent, influence et conflits d'intérêts, en s'appuyant sur le registre des appels d'offre de la confédération helvétique. ]]>

À plat sur un poster, les réseaux entre administration et entreprises bénéficiant de la commande publique suisse forment une galaxie. Littéralement. Fruit de l’enquête des journalistes du quotidien Le Matin et des talents de visualisation de l’agence Pegasus Data, cette superbe datavisualisation a été publiée dimanche 25 novembre dans les éditions francophone et germanophone du quotidien. Elle est, de plus, accompagnée sur Internet d’un très intéressant déroulé de la démarche ayant permis la réalisation de ce graph.

La cartographie intégrale des 1750 mandats délivrés par la confédération suisse pour des marchés publics. En bleu, les administrations, en grisé, les entreprises, et sur les lignes qui les relient, des points noirs, fonctionnaires en lien avec le privé ou inversement (cliquez pour la version haute définition).

À la source de ce schéma d’influences, les 1 745 mandats fédéraux attribuées à des entreprises par la confédération helvétique réunis sur la plate-forme Simap (qui ne contient malheureusement pas les nombreuses attributions “de gré à gré”) que les journalistes du Matin ont regroupé sur les années 2009 à 2012 afin d’en extraire une liste des cadres des entreprises visées et des responsables des administrations successives. À partir de là (aidé par les données du societe.com suisse, InfoCube.ch), les journalistes ont pu cartographier les liens unissant tel ou tel membre de l’administration, où, selon Le Matin, des conseillers fédéraux très pointus revendent régulièrement leur service une fois passés dans le privé via des boîtes de conseils créées à cet effet.

Injectés dans le logiciel opensource de cartographie Gephi, les données du registre des marchés publics raffinées révèlent les connexions croisées entre public et privé autour de contrats publics chiffrés en millions de francs suisses.

Injectées dans le logiciel de cartographie Gephi, les contacts se sont mués en arc et les masses de francs suisses des contrats publics en volume des bulles que formaient administrations et entreprises. Entre un commanditaire public et un délégataire se glisse parfois un point noir : il s’agit des personnes ayant eu un lien avec l’administration et l’entreprise, autrement dit, d’un copinage. Marius Redli (le point numéro 2 sur le schéma) a ainsi récupéré par le biais d’une entreprise de consulting montée de toute pièce 150 000 francs suisses (124 500 €) de contrat avec la base informatique de l’armée le lendemain de son départ en retraite de l’Office fédérale de l’informatique et des télécommunications. Un mandat bientôt doublé en montant, peut-être du fait du poste de colonel actif du même Redli au sein de l’administration militaire. Et il ne s’agit là que de contrats passés par des commandes publiques : l’Administration fédérale des contributions s’est ainsi vue décapitée suite à la découverte de 55 contrats passés de gré-à-gré dans le cadre de commandes en service informatique pour un total de 150 millions de francs suisses (124,5 millions d’euros).

Une règle existe pourtant depuis 2009 pour interdire contractuellement à un spécialiste de l’administration de se recaser dans une entreprise liée à son employeur public pendant deux ans. Mais, constatent nos confrères du Matin, elle n’a jamais été appliquée et épargne nombre des étoiles filantes de cette nébuleuse de copinage.

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La (non) parité révélée au coeur des sciences http://owni.fr/2012/11/13/la-non-parite-revelee-au-coeur-des-sciences/ http://owni.fr/2012/11/13/la-non-parite-revelee-au-coeur-des-sciences/#comments Tue, 13 Nov 2012 15:09:15 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=125817 The Chronicle a visualisé la place des femmes dans les publications scientifiques du XVIIe siècle à nos jours en analysant les deux millions d'auteurs référencés par la base d'articles universitaires Jstor. Un travail de tri phénoménal pour un constat irrévocable sur l'absence totale de parité dans la communauté.]]>

Le chiffre pourrait être une mauvaise blague machiste, il s’agit malheureusement d’une statistique : sur plus de 1 800 champs scientifiques référencés, les femmes ne sont plus auteurs majoritaires de publications scientifiques que dans les domaines concernant les gender studies, l’histoire du féminisme, l’étude des suites de grossesses, l’apprentissage chez les jeunes enfants et la recherche sur les étudiants issues des minorités.

La première visualisation s'appuyait déjà sur la base de données Jstor des publications scientifiques pour évaluer la place réelle des femmes selon les champs d'expertise.

Poursuivant le travail mené par les chercheurs Jevin West et Jennifer Jacquet, spécialiste de l’étude des genres à l’université de Washington, le magazine universitaire The Chronicle a remis en forme les conclusions de leur première tentative de visualisation de la place des femmes dans les publications scientifiques (au départ visualisé avec la librairie Javascript Infovis, voir ci-dessus).

L’initiative elle-même s’inscrit dans le projet Eigenfactor, visant à évaluer le poids relatif des publications scientifiques dans leurs domaines. Basé sur l’algorithme du même nom, le système sert de base à l’évaluation du degré de domination masculine des diverses spécialités en s’appuyant sur la somme des articles de deux millions d’auteurs, étalée entre 1665 et 2011. À partir des données récoltées, les auteurs de la base ont croisé les informations avec les données de la Sécu américaine pour trancher si les prénoms étaient attribués en majorité à des hommes ou à des femmes et en ont tiré les statistiques utilisées.

En cliquant sur chaque champs, il est possible de consulter les données portant sur les sous-champs qui le compose et ainsi de suite.

Remixé par The Chronicle, la base de données offre un panorama détaillé et édifiant de la situation des femmes dans les publications scientifiques. À chaque champ correspond une barre colorée, dont la partie foncée correspond au pourcentage de femmes auteurs, tandis que les cercles sont proportionnés aux nombres d’auteurs (le record en la matière est détenu par les sciences cognitives avec 29,6% de femmes). D’un clic sur la discipline et se déploient les barres correspondants aux sous-champs d’étude, comme ci-dessus avec la biologie moléculaire et cellulaire) et ainsi de suite jusqu’à épuisement des spécialités.

Il est également possible de choisir la période de référence (des origines à 1970, de 1971 à 1990 et de 1990 à nos jours), permettant d’apprécier une relative progression de la place des femmes dans les sciences. Un dernier filtre permet de ne viser que les premiers ou derniers auteurs, les premiers étant généralement les plus grands contributeurs aux travaux de recherche (sauf en économie et mathématique où les noms sont souvent annoncés par ordre alphabétique) et le dernier désignant dans les sciences du vivant le directeur de recherche.

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Quand la Chine s’est éveillée http://owni.fr/2012/11/12/quand-la-chine-s-est-eveillee/ http://owni.fr/2012/11/12/quand-la-chine-s-est-eveillee/#comments Mon, 12 Nov 2012 17:22:16 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=125806 The Guardian retrace en quelques statistiques animées une décennie de mutation chinoise... 251 milliardaires, onze fois plus d'Internautes et cinq fois plus de divorce.]]> La nouvelle tête de la République populaire de Chine, Xi Jinping, s’apprête à diriger un pays bien différent de celui où il prit ses premières fonctions de secrétaire général pour la province de Zhejiang en 2002. Dans le cadre de sa couverture de la passation de pouvoir suite au XVIIIe congrès de l’organe de décision centrale de l’Empire du Milieu, The Guardian a réuni en une roue d’icônes, à parcourir d’un clic de souris, les grands retournements qu’a connu le pays en une décennie.

Si la Chine s'est occidentalisée dans son économie, elle l'a aussi fait dans ses mœurs : en 10 ans, le nombre de divorce a été multiplié par 5 selon les statistiques du ministère des Affaires civiles.

En 10 ans, la population chinoise s’est transvasée des campagnes vers les villes, qui représentaient selon la Banque mondiale 50% de sa population en 2011. Les milliardaires, notion encore inconnue au début du siècle, sont désormais 251, le PIB par habitant ayant été multiplié par cinq et les investissements directs à l’étranger par quatre. Pour sa part BMW a atteint les 217 000 exemplaires vendus en 2011, là où moins de 10 000 de ses modèles roulaient il y a 10 ans.

Le tableau serait incomplet sans l’évolution des mœurs : l’avènement du tourisme pour 40 millions de Chinois supplémentaires et onze fois plus d’entre-eux qui sont connectés… Mais pour un web sujet à toutes les cautions, notamment du fait du Parti communiste chinois. La seule parti de ce petit instantané qui, lui, ne semble pas avoir changé.

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Regarde les US voter http://owni.fr/2012/11/07/regarde-les-us-voter/ http://owni.fr/2012/11/07/regarde-les-us-voter/#comments Wed, 07 Nov 2012 17:46:04 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=125485

Du lendemain de la défaite républicaine en 2008 à la veille du scrutin, The Guardian vous entraîne dans une graphic novel de quatre ans de vie politique américaine.

De tous les coins de France, nous avons suivi la campagne américaine comme une série télévisée. Depuis l’élection de Barack Obama jusqu’à sa confirmation pour un second mandat, cette histoire a connu des rebondissements dignes d’une fiction, étalés sur les quatre ans d’un feuilleton que The Guardian a retracé à l’encre. En scrollant sur la page, les contours des Tea Party se forment, précédent la meurtrière primaire républicaine et les derniers mois des quatre premières années de présidence Obama. Une graphic novel qui ne souffre que d’un suspense depuis éventé.

Budget

Derrière les groupes de soutien aux candidats, des hommes d'affaires dans l'attente de renvoies d'ascenseur... Les Super Pacs, étrangeté du financement des campagnes américaines décryptée par ProPublica.


Consécutive à la crise, cette campagne aura été marquée par la démesure de ses moyens, des milliards de dollars injectés en billets d’avion, convention et spot télés. Méconnud en France, les Super Pacs ont fait scandale aux États-Unis, ces structures de soutien aux candidats abondées à coup de millions par des cadres haut placés de sociétés américaines soulignant des liens préoccupants entre milieux d’affaire et pouvoir en place.

Fidèle à sa mission d’empêcheur de magouiller en rond, ProPublica a inspecté en long en large et en travers les données de la Commission fédérale aux élections publiées par The New York Times pour visualiser et analyser les donateurs et bénéficiaires de ces sommes folles. Dans le graphique ci-dessus, les dons sont représentés par des carrés dont la taille est proportionnelle au montant. Survolez l’un d’eux et vous retrouverez le donateur dans les autres Super Pacs, comme ici Bobby Jack Perry, déjà généreux donateur de Georges W. Bush.

La liste des donateurs détaillées avec leurs contributions peut également être consultée dans le dossier PacTrack sous une forme plus sommaire. Quant aux bénéficiaires, ProPublica les a également triés par montant et par payeur. Où l’on découvre que le principal sous traitants des Républicains fut la société de conseil en communication American Ramble Productions (18 millions de dollars jusqu’en mars 2012) et que le premier fournisseur des Démocrates fut AB Data (16 millions), spécialiste… en collecte de fonds !

Follow the money

Avec une navigation simple et riche et des données mêlées à des interviews vidéos en plan serré, le webdocu Moneyocracy donne un regard en profondeur et critique sur le système des Super Pacs.


Superbe hybride, fruit du travail au long court de deux journalistes français, Moneyocracy propose une approche plus vivante mais pas moins informée sur les Super Pacs. Avec une dose de serious game et de vrais extraits des pubs les plus improbables diffusées à travers les États-Unis, Gérald Hubolowicz et Jean-Nicholas Guillot (fondateurs de l’agence Chewbahat) embarquent les lecteurs dans un voyage au pays où la télévision fait et défait les votes à coup de millions de dollars.

Sur le front

Tous les médias ont parlé des “swing states” États bascules pouvant faire pencher d’un côté ou de l’autre le scrutin, sur lesquels les deux principaux candidats ont concentré leurs efforts. D’une carte en à-plat de couleurs, le site Matière Primaire fait surgir d’un survol de la souris sur la tête des candidats leurs principaux points de focales, cumulant les meetings du nominé et de son vice-président, en une véritable carte d’Etat major. S’y dessinent l’obsession de Romney pour la Floride (55 réunions publiques), la dispersion d’Obama et la compétition féroce pour le petit mais crucial État de l’Iowa.

En temps réel

Toute la journée durant, les votes des usagers de Facebook ayant décidé de partager leur choix avec leurs amis apparaissaient sur cette carte. Depuis sur une boucle des derniers bulletins adressés, l'application propose quelques statistiques sur les participants.


Durant la journée du 6 novembre, plus de neuf millions et demi d’Américains ont partagé sur Facebook leur choix via l’application Election Day Prompt, permettant à Facebook Stories de placer sur une carte chacun des bulletins glissés dans l’urne. En temps réel, n’importe qui pouvait voir exploser, ici et là, les bulles de la couleur du réseau social, depuis animées suivant le mouvement des derniers votants. Au pied de cette carte, des statistiques retracent le profil des participants : par sexe, par âge et par région. Une archive non exhaustive mais utile pour connaître cet échantillon du corps électoral qui partage numériquement sa vie citoyenne.

Vents contraires

Revirement démocrate dans le Sud-Est, poussée massive pro-Romney dans le centre... d'une cartographie dynamique, le New York Times brosse le mouvement dessiné par un vote plus serré qu'en 2008.


Pas vraiment serrée sur le plan des grands électeurs, la victoire de Barack Obama n’a pas été si large sur le plan des électeurs. Pour voir quels courants ont maintenu le candidat démocrate à la Maison blanche, The New York Times a dressé une carte de l’évolution des votes. A chaque point, un vecteur représentant l’évolution du vote, vers la gauche en bleu pour les démocrates et vers la droite en rouge pour les ralliés à Romney.

Un maëlstrom de vents contraires, qui trouve son noyau anti-Obama dans les grandes plaines, compensé par le revirement de la Floride et le soutien dans grands centres urbains de Californie et du Nord-Est. En accompagnement, quelques graphiques décryptent les soutiens clefs au président sortant : les femmes, les hispaniques (plus encore qu’en 2008) et les jeunes, qui ont fait basculer la Floride.

Bonus : nostalgie

L’équipe de Paule D’Atha vous le rappelle régulièrement : le datajournalisme ne date pas d’hier ! Entre les datavisualisation des bureaux de statistiques du XIXe siècle et les représentations naturelles de fractales, les exemples sont nombreux de la continuité d’un désir de représenter chiffres et notions abstraites de manières plus douces à l’œil que les ingrats tableaux Excel.

Dans la continuité de son traitement esthète des questions d’actualité, le magazine The Atlantic a plongé dans les archives de The New York Times pour livrer quelques cartographies anciennes des précédents scrutins présidentiels. Des blocs monochromes de 1896 aux cartes semées de chiffres des années 1970, qui précèdent de peu les analyses avec camembert du scrutin Clinton/Dole de 1996, la petite balade a le charme du papiers vieillis et un petit goût d’artisanat qui plaira aux éternels étudiants de cette nouvelle discipline journalistique que nous sommes.

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Trafics d’audience http://owni.fr/2012/11/02/trafics-d-audience/ http://owni.fr/2012/11/02/trafics-d-audience/#comments Fri, 02 Nov 2012 17:13:52 +0000 Claire Berthelemy http://owni.fr/?p=124812

La nouvelle mesure de l’audience sur Internet, présentée le 30 octobre par Médiamétrie, met en évidence la fabrique de l’audience de plusieurs grands sites de presse qui ont pris l’habitude d’agréger des visiteurs uniques de manière un peu opaque.

Fierté

Répondant à l’appellation trompeuse de co-branding, la technique qu’ils utilisent consiste à gonfler artificiellement l’audience d’un site média en y additionnant, sans trop le dire, celles réalisée par des sites de jeux, de voyages ou de rencontres, entrés dans le giron de ce média – pour vendre davantage de publicité.

Une nouvelle mesure d’audience du web

Une nouvelle mesure d’audience du web

Ce mardi, Médiamétrie a dévoilé les mécanismes de son nouveau système de mesure de l'audience des sites. Le système ...

Ainsi, Le Figaro, Le Parisien ou L’Express et bien d’autres, pour voir grimper leur courbe dans les classements Médiamétrie n’hésitent pas à agréger des visiteurs uniques de sites qui n’ont rien à voir avec leur contenu éditorial.

Le Parisien récupère les visites de clubdeal.com, un site qui permet de profiter “des meilleures adresses afin de pimenter votre quotidien”, mais aussi celles de trucdegrandmere.fr, pubeco.fr, cartesfrances.fr, monsieur-biographie.com et d’autres. Yahoo! dans le classement Médiamétrie fait apparaitre les visiteurs du site assurland.com, ceux du Bondy Blog (associé de fait au site Yahoo! Actualités) et les visiteurs du célébrissime site de partage de photos en ligne Flickr. Le Figaro mise lui sur le site leconjugueur.com et sur le très fréquenté evene.fr.

Des astuces de récupération d’audience plutôt porteuses, même si la conjugaison n’a que peu de rapport avec l’information que proposent ces sites médias. Il est davantage question de recettes publicitaires que de fierté.

Quelques-uns ne succombent pas complètement à ces manières. C’est le cas du groupe Le Monde, qui fédère de manière transparente sur le site de son quotidien les autres titres de presse qu’il commercialise – le Huffington Post, Télérama ou Courrier International, tout en proposant son propre service de conjugaison.

La régie publicitaire du NouvelObs, elle, se targue de commercialiser l’audience de Rue89, de Challenges.fr, de Le Plus ou de Sciences & Avenir, mais son site vedette oublie de préciser qu’elle prend en compte également les internautes qui évitent des fautes de français grâce à laconjugaison.fr (grand concurrent de leconjugueur.com).

Source : classement Médiamétrie, annexes des sites et co-branding

Source : classement Médiamétrie, annexes des sites et co-branding

Le 30 octobre, Médiamétrie a présenté son classement des sites Internet français pour le mois d’août 2012. Les résultats obtenus par les groupes de presse se révèlent naturellement liées à ces diverses opérations d’agrégation.

Pour en mesurer plus précisément les effets, nous avons cherché à comparer l’audience de ce mois d’août dernier avec celle réalisée l’an passé à la même période. Aussi, nous avons voulu voir qui avait perdu ou gagné des places dans le classement en montrant qui avait acheté de l’audience. Le résultat ci-dessous montre les gains de place(s).

Parmi les gagnants, France Télévisions qui a acheté curiosphere.tv ; Le Figaro qui a acquis evene.fr et sport24 ; Le Nouvel Observateur qui s’est offert Rue89 et Le Parisien qui gère maintenant clubdeal.com, trucdegrandmere.fr, pubeco.fr, cartesfrances.fr et monsieur-biographie.com.

Ces résultats font apparaître deux perdants : TF1 et Doctissimo, qui tous deux n’ont aucun nouveau partenariat significatif par rapport au mois d’août de l’année 2011.

Loin de nous de tirer des conclusions hâtives, mais chez Médiamétrie, on confie que :

ça [le principe de "co-branding", ndlr] a pu jouer oui, logiquement ça apporte de l’audience…

Jeux

Mais Médiamétrie souhaite règlementer un peu plus ces systèmes de partenariats qui permettent de gonfler l’audience : dès le 1er septembre, de nouvelles règles sont entrées en vigueur. Au programme de ce changement, l’impossibilité pour les marques de faire entrer dans leurs statistiques plus de deux sites “partenaires“. De même confie une responsable de chez Médiamétrie :

Quand il n’y a pas de lien capitalistique, l’apport exclusif d’audience est passée à 30% contre 50% auparavant et limité à deux co-brandings par site. De même, il y a des règles graphiques à respecter, ne serait-ce que qu’on passe d’un site à l’autre. La barre de navigation doit être la même par exemple.

Questions jeux, leur part est à partir du 1er septembre limitée à 30 %. De nouvelles méthodes de calcul, l’entrée en vigueur de limites de ce principe, Médiamétrie semble mettre quelques barrières dans les comptes d’audience des médias. Jusqu’à ce que soient trouvées de nouvelles techniques pour améliorer son nombre de visiteurs uniques.


Illustrations par Pixel Fantasy [CC-byncsa] édition O.NOor pour Owni /-)
Infographie réalisée sur easel.ly

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La cyberpropagande d’Obama et Romney http://owni.fr/2012/11/02/la-cyberpropagande-dobama-et-romney/ http://owni.fr/2012/11/02/la-cyberpropagande-dobama-et-romney/#comments Fri, 02 Nov 2012 13:32:59 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=124904

Mr et Mrs Sinker, mari et femme, assis sur un même canapé à Chicago, ont reçu en mars dernier le même mail de l’équipe de campagne de Barack Obama. Le même, à un détail près : M. Sinker se voyait proposer un don de 20$ et madame, de 25$. Une simple ligne corrigée automatiquement par une machine ayant eu accès à une information cruciale : Mme Sinker, 61 ans, avait auparavant été identifiée comme une grosse donatrice dans les fichiers du parti démocrate.

Analysés par ProPublica, les mails d'appel aux dons envoyés par l'équipe d'Obama en mars 2012 montraient des différences notables dans la formulation et les sommes demandés, selon que les sympathisants étaient enregistrés comme déjà donateurs ou non.


Les mystérieuses bases de données de Mitt Romney

Les mystérieuses bases de données de Mitt Romney

Aux États-Unis, le candidat républicain joue avec des bases de données (et avec la vie privée) de millions de potentiels ...

Décortiqué dans un graphique (voir l’illustration ci-dessus), ce cas d’école a été le départ d’une opération de reverse engineering (déconstruction d’un processus technologique) des “mail machines” des principales équipes de campagne. Si la première version du mail s’adressait en part égale à des hommes et à des femmes, donateurs réguliers ou non, pour une somme faible, la version 4 n’a été reçue que par des militants ayant déjà versé de l’argent, majoritairement des femmes, et proposait des montants allant de 0 à 300 dollars. La 5emouture, elle, s’adresse principalement à des hommes, seulement au-dessus de la trentaine et pour des petites sommes.

En faisant appel à ses lecteurs pour qu’ils partagent tous les mails reçus de la part des deux équipes de campagne, les journalistes du site ProPublica ont mis en place un système d’analyse comparative des différents mails envoyés avec pour objectif de prouver que ces équipes avaient recours à des systèmes automatisés de microciblage des militants.

Le 7 juillet, le site a ainsi analysé trois envois de l’équipe d’Obama. Grâce aux données récoltées par ProPublica, les journalistes ont pu classer les mails par “donation signal”, c’est-à-dire selon les montants des dons proposés lors des précédents mails. Aux profils gros donateurs, habitués aux mails demandant 220 à 280 dollars est envoyée une version remplie de liens de dons en un clic, prélevant automatiquement la somme proposée sur le numéro de compte enregistré. Pour les petits donateurs, bombardés de demandes de dons à moins de $40, il faut passer par une URL. Une preuve de la génération de mail “sur mesure” selon un critère renseigné dans les bases de données des partis.

Dans cette frise réunissant tous les mails transmis à ProPublica, chaque barre correspond au volume de mail envoyé par chaque équipe un jour donné, sa couleur correspondant à le nombre de variation par mail (tirant vers le rouge pour les plus optimisés).

Si l’analyse est encore en cours et les outils s’affinent au fil des jours, un résumé général donne à voir le bilan des mails déjà scannés. De mars à aujourd’hui, la quantité de mails est représentée pour chaque jour par une barre colorée, sur la ligne de l’expéditeur, dont la couleur change en fonction du nombre de variations, tirant vers le rouge pour les mails proposant le plus de versions différentes. Et dans les sondages comme dans l’utilisation des bases de données, Barack Obama semble conserver une avance certaine.


Illustration via la galerie Flickr de Nick Jugular [CC-byncsa]

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Autopsie du coeur de la démocratie américaine http://owni.fr/2012/10/31/autopsie-du-coeur-de-la-democratie-americaine/ http://owni.fr/2012/10/31/autopsie-du-coeur-de-la-democratie-americaine/#comments Wed, 31 Oct 2012 12:49:15 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=124690

De Georges Washington à la présidentielle de 2012, l'arbre retrace plus de deux siècles d'évolution idéologique et politique des deux chambres du Congrès américain.

En ces temps de tempête dans le crâne de la démocratie américaine, l’histoire du Congrès américain offre une approche d’une précision chirurgicale sur l’évolution depuis 1788 d’un organe politique aux poussées de fièvre chroniques.

Sous la forme de deux réseaux d’artères sinuant entre l’extrême gauche et l’extrême droite, chacun pour une chambre, cette magnifique infographie publiée sur le site xkcd montre continuité et rupture du Sénat et de la Chambre des représentants. Au milieu, guerres et administrations se succèdent, séparant les ventricules. À l’opposé de l’iconographie européenne, les bleus sont ici les démocrates et les républicains figurés en rouge, l’épaisseur de chaque trait étant proportionnée au nombre de parlementaires se revendiquant de chaque mouvance. Quand les branches se rejoignent, c’est qu’une tendance gagne des élus, quand elle tend vers l’extérieur pour s’interrompre, c’est le signe de défection et de l’affaiblissement du mouvement.

Les temps modernes voient presque disparaître le centre droit à la Chambre des représentants, au profit de la vague des Républicains radicaux ralliés aux Tea Party, tandis que les Démocrates n’ont progressé que grâce à leurs recrues les plus centristes.

Séparé par une colonne figurant administrations et principaux conflits ayant marqué l'histoire américaine, l'arbre détaille les grands débats et retournements politiques qui ont accompagné les moments forts de sa vie politique, comme ici le raz de marée centriste chez les démocrates de la Chambre des représentants à la fin des années 1920, qui a porté le New Deal de Roosevelt, ou l'émergence récente du Tea Party chez les Républicains.

Aux curieux et aux béotiens de l’histoire politique US, le graphique permet de plonger plus en amont dans le flot tempétueux du cœur de la démocratie américaine. L’occasion d’apprendre que, contrairement à l’idée qu’on pouvait s’en faire, le New Deal de Roosevelet s’appuyait presque intégralement sur les démocrates centristes, comme le montre la large artère bleue claire qui abonde la gauche de la Chambre des représentants à la fin des années 1920, au moment où les Républicains sont décimés.

De temps à autres, des nervures apparaissent sur les artères démocrates ou républicaines, suivant la carrière des plus vétérans (comme ici Joe Biden, vice-président) comme des plus éphémères élus (comme Barack Obama).

Ici et là, de fines nervures courent le long des artères principales, retraçant les plus longues carrières, comme celles du vice-président et ancien vétéran du Sénat, Joe Biden, et la brève apparition de Barack Obama dans la même chambre. Un flot riche auquel ne manque d’une documentation complémentaire pour offrir une passionnante aventure intérieure dans le système politique américain depuis ses origines.

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James Bond tout en data http://owni.fr/2012/10/29/james-bond-tout-en-data/ http://owni.fr/2012/10/29/james-bond-tout-en-data/#comments Mon, 29 Oct 2012 18:28:34 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=124460

L’anniversaire de la licence James Bond et la sortie de Skyfall ont déclenché la ruée vers les placards à archives. De l’app à trois volets d’Associated Press (avec un bon gros tableau Excel à la fin) à la célébration “50 ans de mort et de destruction” du Guardian en passant par la kitschissime animation de la chaîne brésilienne R7, les bilans du nombre de victimes, conquêtes et résultats au box-office ont été déclinés sous tous les formats.

Des stats, des baisers... et une plongée d'un scroll de souris dans l'ambiance visuelle de chacun des James Bond. Merci la BBC !

Notre œil et notre souris ont cependant préféré se laisser glisser sur l’élégant toboggan d’infos forgé par les équipes de la BBC. Croisant statistiques (baisers, James-Bondismes et usages du permis de tuer) et chiffre d’affaires des films, l’application décore la visite des affiches originales et des dégaines des acteurs successifs, flanqués d’une réplique culte de leur pellicule phare. Le tout pour chuter sur un petit récap des performances économiques respectives de chacun des 007, assortis de détails sur son recrutement. Et le tout (presque) rien qu’avec du CSS3.

Graphique

Créé pour l’occasion, le site NotoriousBond.info ne vous apprendra rien de plus que les précédents. Mais il le fera avec une certaine classe : d’un mouvement de souris, vous passerez d’un Sean Connery, le plus gros buveur de Martini, au dernier Bond, Daniel Craig, dans un environnement (là encore tout en CSS) fait main. Typos délicates, échos visuels à l’ambiance des films et interface simple et claire…

Un des candidats au concours de visualisation lancé par David McCandless d'Information is beautiful : Notorious, qui décerne à chaque Bond une palme, du plus gros buveur de Martini au plus malchanceux avec les femmes.

Le projet de Christina Winkless, David Paul Rosser et Alexis Cuddyre n’est en fait qu’un pur exercice de style puisque candidat pour le mini-concours Diagrams are forever lancé par l’association Information is Beautiful, de David McCandless, tous les participants s’appuyant sur un jeu de données commun.

Interactif (en portugais)

Dans l’esprit seventies et coloré du dessin animé Archer, le site brésilien Entretenimento propose rien moins qu’une visite en jeu de chaque épisode de la vie cinématographique de l’espion le plus célèbre de sa Majesté.

Chaque méchant, bond-girl et gadget est ici décrit par une fiche signalétique frappée de caractéristiques façon carte Magic.

Linéaire, certes. Répétitif, peut-être. En portugais, admettons. Mais osez dire que l’ambiance – fruit du mélange de dessin, de la musique bondesque en diable et de ces petites cartes de personnages et de gadgets, tout en attributs et compétences à la Magic – ne fait pas trembler en vous la corde du geek ?

Bondonomics

En 50 ans, James Bond a connu deux chocs pétroliers, la fin de l’étalon-or, la crise mexicaine et celles des subprimes… En dehors de Goldfinger, pourtant, aucun épisode ne s’est plongé dans les préoccupations financières des services secrets britanniques. Faute que James Bond s’intéresse à l’économie, c’est l’économie qui s’est intéressée à lui. En l’occurrence à travers le développeur Kevin Luck et la designeuse Leigh Kayley, tous deux auteurs de 007 the Business of Bond.

Ajuster les résultats à l'inflation, consultez les comptes et évaluez la profitabilité de chaque film... Tentative visuelle réussie de Bondonomics appliquées.

Ici, ce n’est pas que le chiffre d’affaires des films qui est décortiqué : c’est tout le bilan comptable ! Pour chaque film, résultats au box office américain et étrangers sont mis en parallèle avec le budget (et peuvent même être ajustés à l’inflation) révélant une information secret défense. En l’occurrence, la profitabilité de chaque film qui, après le record de Dr No (5415%, s’il vous plaît!) a suivi une pente descendante pour ne plus jamais dépasser les 1 000% habituels des années 1970 à partir de Moonraker. Du bel ouvrage taillé à grands coups de la nouvelle bibliothèque Javascript de référence des datajournalistes, D3.js, assortie de require.js et de backbone.js. Cette app participe également du concours “Diagrams are forever” de David McCandless.

Alcool

En dehors d’un flingue et d’un penchant pour les cocktails d’alcool blanc italien, James Bond est d’abord un homme de gadgets. Et aucun fan ne le contredira : l’homme centrale dans tous les 007, c’est Q ! Réalisée à l’aide de la librairie Javascript sigma.js et de la plate-forme opensource de cartographie Gephi, l’application James Bond Actors Network permet de naviguer par acteur ou par épisode dans la galaxie cinématographique des différents films de la licence.

Pour les cinéphiles compulsifs, une cartographie sous Gephi des acteurs de premier et second rang qui ont croisé les caméras des James Bond.

On apprend ainsi, au détour d’une bulle colorée, que Roger Moore et Sean Connery sont moins bien rancardés que la discrète Lois Maxwell, première des James Bond girls s’il en est puisqu’elle a incarné Moneypenny dans 14 films ! Les amateurs regretteront que les bios qui apparaissent à chaque bulle cliquée ne se concentrent pas sur les seules déclinaisons de l’oeuvre de Fleming et se perdent dans des filmographies générales, comme Walter Gotel dont on n’apprend d’une seule phrase qu’il était l’éternel Général Gorki dans les aventures bondiennes durant la Guerre Froide. Un écart vite pardonné, une fois remarqué que le code de l’application est entièrement disponible sur le réseau social Github.

Rattrapage

Tous les James Bond résumés avec des photos, la taille des acteurs, les conquêtes et flingages... ça existe, mais en portugais !

Certes, pour s’aventurer sur l’application bondesque d’Estadao, il faut maîtriser la langue de Chico Buarque. Mais les lusophones ne le regretteront pas. L’application passe en revue l’essentiel, comme le gadget, en offrant aussi bien un résumé de chacun des films de la saga agrémenté de photos qu’un classement par taille des agents et un portrait dessiné des héros, “girls” et “vilains”. Le tout dans un Javascript d’une impeccable efficacité.

Paragraphe de bonne foi : nous avions dégoté tous seuls certaines des apps… jusqu’à réaliser que Visualoop avait une bien meilleure collection que nous. Avis aux amateurs, le travail (anglophone) de nos confrères vaut bien un coup de chapeau et un clic.

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Regarder New York buller son CO2 http://owni.fr/2012/10/26/regarder-new-york-buller-son-co2/ http://owni.fr/2012/10/26/regarder-new-york-buller-son-co2/#comments Fri, 26 Oct 2012 09:30:57 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=124230

Veille data

En 2010, New York expirait chaque seconde par les mille pores de la ville deux tonnes de CO2. Pour visualiser ce phénomène, l’agence Carbon Visuals Limited a décidé de faire émerger en grandes sphères bleutées tout le produit de ces émissions à un seul et même endroit à deux pas de l’Empire State Building.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour une pression de 1,87 kg par mètre cube aux conditions de température et de pression atmosphérique normales, c’est un ballon de 10 mètres de diamètre qui surgit toutes les demi-secondes par cette trachée imaginaire, bousculant les taxis en quelques secondes, engloutissant les buildings jusqu’à Bryant Park en moins d’une heure puis submergeant Manhattan au bout d’une année d’expiration…

L'empilement de bulles de CO2 est représenté pour une heure, un jour et un an, enterrant Manhattan sous ses rejets de carbone matérialisés.

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Corruption italienne à la carte http://owni.fr/2012/10/23/la-corruption-italienne-a-la-carte/ http://owni.fr/2012/10/23/la-corruption-italienne-a-la-carte/#comments Tue, 23 Oct 2012 13:45:44 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=123843 Il Sole 24 Ore sur la corruption sur fond de récente interpellation du Président de la Lombardie, en Italie, qui met en lumière l'augmentation des scandales politico-financiers suite à la décentralisation. Le Nord n'a plus à jalouser le Sud dans les affaires de corruption.]]>

Veille data

La rupture historique entre Italie du Nord et du Sud semble se résorber sur un point : en matière de corruption, la plaine du Pô rivalise désormais avec la pointe de la botte.

Dans une carte aussi élégante qu’informative, le quotidien économique italien Il Sole 24 Ore a répertorié, par région, les mises en accusations et condamnations ayant frappé élus et agents des conseils : 7% des 1 300 conseillers et administrateurs sont actuellement en examen ou ont été jugés coupables de faits de corruption et autres délits politico-financiers.

La géographie des scandales politiques (cliquez pour visualiser le grand format).

Depuis la décentralisation qui a élargi en 2001 les prérogatives de ces instances, les scandales se sont multipliés, doux mélange de manipulation électorale et de détournement d’influence. Le dernier en date (et non des moins spectaculaires) a vu le président du conseil de Lombardie (région de Milan), Domenico Zambetti, embarqué et mis en détention pour des liens avec le crime organisé calabrais, la ‘Ndrangheta. L’élu est suspecté d’avoir “acheté” sa victoire aux élections régionales de 2010 par une livraison de 4 000 voix acquises par la mafia, à raison de 50 € le bulletin. En plus du président de la région, une vingtaine de personnes ont été visées par l’opération de police. De quoi élever ce scandale au rang de plus grosse affaire politico-financière des régions italiennes depuis le Laziogate [it] en 2007.

Dans l'ombre de la réputation mafieuse du Mezziogiorno, les riches régions du Nord s'avèrent tout aussi concernées par les scandales politiques que le Latium, la Campanie ou les Pouilles.

Cette actualité met en lumière un fait que la carte d’Il Sole érige en évidence : contrairement à l’imagerie populaire bâtie sur l’affaire Falcone, la corruption et les scandales politiques ne sont pas le monopole du Mezziogiorno. Classés en jaune pour les mises en examens et rouges pour les condamnations, les élus (“consiglieri”, en clair) et administrateurs (“assessori”, en foncé) concernés par de telles affaires sont certes plus nombreux en Sicile (20 administrateurs mis en examen et 6 condamnés). Mais, au second rang, la Calabre (terre de la N’Drangheta précédemment citée) ne surpasse en scandales que d’une courte tête la très riche province de Milan, la Lombardie. Elément notable : la Sicile ne compte que des élus dans les personnels régionaux visés par des procédures là où les régions du Nord voient leurs administrateurs appelés en plus grand nombre au tribunal.

La majorité des affaires visant les personnels des régions portent sur la corruption et les délits associés (extorsion, détournement et abus de pouvoir), suivis du financement illégal. Les cas liant élus ou administrateurs à la mafia, la prostitution ou les attributions de marchés publics ou de permis de construire n’arrivent qu’en queue de peloton. Sur les vingt régions italiennes, seules quatre sont actuellement, d’après les information d’Il Sole, vierge de toute procédure judiciaire.


Photo par Chris Beckett [CC-byncnd]

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