OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Métal urbain et ferrailleurs des temps modernes http://owni.fr/2011/04/18/metal-urbain-et-ferrailleurs-des-temps-modernes/ http://owni.fr/2011/04/18/metal-urbain-et-ferrailleurs-des-temps-modernes/#comments Mon, 18 Apr 2011 06:30:32 +0000 nicolasnova http://owni.fr/?p=57061 Urban After All S01E13

La semaine passée, une retraitée géorgienne de 75 ans a fait la douloureuse expérience de couper l’accès à Internet dans 90% des foyers, sociétés et organisations arméniennes. En cherchant des métaux à récupérer et revendre, la malheureuse a sectionné avec une bêche un des câbles de fibre optique permettant la connexion entre les deux pays…

Au-delà du phénomène de la hackeuse à cheveux gris, qu’est-ce que les histoires de ramassage de cuivre, fer et aluminium nous racontent sur la ville d’aujourd’hui ?

Ce vol c’est de l’alu

Le vol de métaux est un phénomène qui transparait récemment dans les médias. Des expéditions spectaculaires sont ainsi mentionnées, comme ces scieurs de pylônes, les faux ouvriers du Ranch Davy-Crockett de EuroDisney ou ces profanateurs de sépultures. Avec comme cause souvent mentionnée pour expliquer cette tendance les prix élevés des métaux et la demande croissante des pays émergents comme l’Inde et la Chine.

On imagine les malfrats nocturnes redoubler de précautions pour déterrer, arracher et récupérer des bribes d’acier, d’aluminium ou de cuivre. Mais contrairement au cliché répandu dans les médias, la collecte de métaux n’est pas uniquement un acte délictueux ! Il n’y a pas forcément besoin d’opérer la nuit ou dans les campagnes pour récupérer des métaux et il peut s’agir d’une activité courante, mais invisible, des villes contemporaines. Pas nécessairement du vol [vidéo, en], ce peut parfois être un type de petit boulot à la limite de la légalité, ou lié à des sortes d’économies informelles et souterraines.

Les petites mains d’un collège invisible

Les “ramasseurs de fer” font en fait partie intégrante du paysage urbain. Les voleurs décrits dans les médias qui détruisent les infrastructures ou les objets en place éclipsent bien souvent les récupérateurs plus discrets. Ces petites mains forment une sorte de collège invisible et très bien organisé. Ces membres sillonnent nos cités pour les débarrasser des encombrants laissés dans les rues ou trier les différents déchets laissés en vrac dans les poubelles et autres bacs.

Ce sont ces ferrailleurs des temps modernes qui m’intéressent tout particulièrement et que je croise régulièrement. On en voit ici et là avec les quelques exemples ci-dessous provenant de mes pérégrinations, respectivement à Istanbul (Turquie), Madrid (Espagne), Séville (Espagne) et Paraty (Brésil).

Les exemples que je prends volontairement ici témoignent de l’existence de ce phénomène dans toutes sortes de contextes : des grandes agglomérations européennes (Madrid, Istanbul) à des petites villes sud-américaines. Si je n’ai pas de photos de France, cela ne signifie pas que l’on ne retrouve pas ce type de pratique dans nos contrées.

À la recherche du “fer mort”

Que voit-on sur ces photos ? D’abord des véhicules sommaires, des caddies à la carriole, transportant toutes sortes de débris trouvés dans les rues ou sortis de poubelles : câbles jetés, ordinateurs laissés dans les rues, téléviseurs abandonnés, vieux cadenas et vélos rouillés… Tout y passe et tout est bon à récupérer. Les véhicules en question révèlent d’ailleurs le caractère quasi anachronique d’une telle activité (tout du moins en décalage avec des formes plus institutionnelles de récupération). Dans sa représentation la plus visible, le ramassage informel de métaux, activité qui apparait miséreuse, ne se fait pas avec des moyens très modernes.

Ces acteurs urbains très discrets ne démantèlent pas l’existant. Ils sont plutôt en effet à la recherche de “fer mort” comme le décrit Moussa Touré dans cette dépêche d’agence : “c’est-à-dire le fer qui ne peut plus être utilisé par les mécaniciens et autres utilisateurs qui s’en débarrassent“. Une variante du promeneur de plage avec son détecteur de métaux en quelque sorte.

L’équivalent du bataillon d’utilisateurs de Wikipedia

Cette recherche du “fer mort” doit être considérée comme une manière de contribuer à l’évolution de l’espace urbain. On peut la lire comme une forme de participation limitée visant à la fois à débarrasser les rues d’encombrants mais aussi à recycler les produits dont les citadins se débarrassent. C’est peut être cela au fond la “ville 2.0” ou la ville participative contemporaine. S’il fallait faire une analogie avec la culture numérique, on pourrait dire que ces ferrailleurs sont l’équivalent du bataillon d’utilisateurs de Wikipedia qui contribuent de manière minimale en corrigeant les fautes d’orthographe. Sans eux, la qualité de l’encyclopédie serait bien moindre !

Une telle attitude montre bien qu’une ressource peut être “morte” pour une certaine catégorie d’acteurs mais bel et bien utile pour d’autres. Le tout évidemment sous-tendu par la perspective d’échanger des rebuts contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Car la phase de ramassage n’est qu’une composante de ce phénomène. C’est la partie visible de l’iceberg… avec sa face moins connue d’économie souterraine et de marché aux métaux usagés.

C’est peut être là que réside la nuance avec les correcteurs de fautes d’orthographe sur Wikipedia : ces ferrailleurs n’ont pas de but collectif supra-ordonné (comme l’embellissement des rues) puisque c’est l’appât du gain qui les motive.

Quoi qu’il en soit, peut-on dire que ces ferrailleurs contribuent à la “bonne santé” de la ville ? S’agit-il d’une forme légitime de participation à la vie de la cité ? Et ce malgré le côté miséreux ou anachronique des ramasseurs de métaux… À minima, ces observations nous rappellent qu’il n’y a pas de petits profits et que l’espace urbain est un écosystème respectant la maxime de Lavoisier :

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

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Photos : Nicolas Nova, sauf la dernière : Philippe Gargov.

Chaque lundi, Philippe Gargov (pop-up urbain) et Nicolas Nova (liftlab) vous embarquent dans le monde étrange des “urbanités” façonnant notre quotidien. Une chronique décalée et volontiers engagée, parce qu’on est humain avant tout, et urbain après tout ;-) Retrouvez-nous sur Facebook et Twitter (Nicolas / Philippe) !

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Facebook : dire “pouce” face au “like” http://owni.fr/2010/12/16/facebook-dire-pouce-face-au-like/ http://owni.fr/2010/12/16/facebook-dire-pouce-face-au-like/#comments Thu, 16 Dec 2010 13:44:32 +0000 Erwan François http://owni.fr/?p=39371 Je m’étonne un peu du succès durable du « like » sur Facebook car à mon sens, cette fonction qui induit souvent un abonnement peut mener rapidement à l’infobésité. D’autant que Facebook n’est que très modérément taillé pour nous permettre de gérer convenablement nos « likes ».

Sur la page d'accueil d'un blog, Facebook est proposé en premier pour le suivi des publications.

Envisageons la question de la façon suivante : il est fréquent que l’internaute se voit aujourd’hui proposer plusieurs solutions pour « garder le contact » avec telle ou telle source (site ou blog hors de Facebook, « ami » ou « fan page » sur Facebook…) et suivre ses publications ou, plus largement, celles de son (ses) auteur(s). Parmi les options disponibles hors de Facebook, parallèlement à la récupération de flux de syndication web (RSS/Atom) ou encore au suivi des publications d’un compte Twitter, et j’en passe, il y a… Facebook. Il arrive même que le lien via Facebook soit la première option proposée et soit davantage proposée que le reste. Cette offre peut prendre la forme d’un bouton bleu porteur du logo de Facebook, ou d’un bouton porteur d’une icône représentant un pouce et de la mention « J’aime », sur lequel il suffit de cliquer. C’est le « like », qu’on trouve dans et hors de Facebook.

Sur Facebook, une "fan page" proposant le bouton "Like" ("J'aime").

Qu’il soit proposé d’emblée ou par le biais d’une « fan page », on constate que le bouton « like » tend parfois à se substituer à l’abonnement via un flux de syndication web tel qu’il existe depuis de nombreuses années, non sans poser quelques problèmes d’adoption. Toutefois, si Facebook peut représenter une solution simple et familière pour de nombreux internautes, elle n’est pas nécessairement la plus pratique au bout du compte. Si l’on n’espère rien de très positif de l’Open Graph, il peut être intéressant de mieux cerner quelques caractéristiques et limites de Facebook en tant qu’agrégateur, et d’en tenir compte dans l’utilisation du « like » vis-à-vis de tout ce qui est sur Internet et disponible hors de Facebook. Ceci peut en outre conduire l’internaute à adopter un ou plusieurs outils complémentaires, notamment un portail personnel.

Du « like » à l’infobésité

Dans son fonctionnement, Facebook a plusieurs points communs avec un portail web personnel tel que Netvibes , et plus encore avec cet autre réseau social dédié au microblogging qu’est Twitter : l’une des actions fondamentales avec ces outils est, avant l’échange, l’abonnement, qu’il soit unidirectionnel ou réciproque.

Mais commençons à préciser les choses. Une première caractéristique de Facebook est que les abonnements ne se présentent pas comme tels ; ils prennent souvent la forme d’expressions relevant du champ lexical de l’affectif : « ami » (« friend ») ou « J’aime » (« Like »). Notons par ailleurs que tous les « likes » ne donnent pas lieu à un abonnement, que ce soit par Facebook ou encore par courriel. Il n’est donc pas toujours aisé de savoir quelles seront les conséquences informatiques d’un « like », surtout en période de découverte de Facebook.

Sur Facebook, l'icone bleue et verte incitant à ajouter un nouvel ami.

L’objectif de ce travestissement est probablement d’inciter l’utilisateur à multiplier certaines actions, qui constituent des témoignages d’intérêt voire d’affection (soit un bénéfice complémentaire à l’abonnement proprement dit pour les utilisateurs ; c’est une façon de s’exprimer exigeant un effort minimum), mais aussi autant de traces de ses relations, de ce qu’il apprécie, bref autant de symptômes révélateurs d’un certain profil (soit un bénéfice pour Facebook et ses annonceurs). Le « like » est aussi, évidemment, un outil de fidélisation précieux pour de nombreux éditeurs, or on est plus enclin à indiquer qu’on aime (ce qui ne coûte ni n’engage à rien, en principe) qu’à s’abonner. Au-delà des mots, les icones qui leur sont associées (le pouce pour le « like » et le « +1 » pour le nouvel « ami ») montrent combien elles sont considérées comme positives et souhaitables par le système et ses auteurs. Il y a enfin le fait que ces actions soient visibles — et donc prescrites par les utilisateurs –, ce qui n’est pas le cas de leur action contraire. Bref, ces propositions sont des incitations, et l’ensemble est tout sauf neutre vis-à-vis de l’utilisateur.

Malheureusement, céder à de telles incitations peut vite avoir d’assez pénibles conséquences pour l’utilisateur (indépendamment de la question de la publication d’informations personnelles). Qu’il se montre un peu trop « aimant » sur Facebook et son flux deviendra assez rapidement difficile à gérer, voire ingérable. Tout utilisateur peut constater que multiplier les « likes » et autres demandes à devenir l’« ami » de tel ou tel autre utilisateur actif est vite récompensé, si j’ose dire, par une exposition à cette véritable plaie moderne qu’est l’infobésité. Le « newsfeed », le fil d’information de la page d’accueil personnelle de l’utilisateur, se retrouve sous peu inondé de messages ou de traces d’activités des uns et des autres.

Il ne reste plus alors à l’utilisateur qu’à subir cette marée informationnelle (rechercher plus longuement ce qui est intéressant ; se rendre plus souvent sur Facebook ou accepter de voir plus rapidement disparaître, avant toute lecture, des items qui auraient pourtant pu l’intéresser…) ou à se résoudre à entrer dans une logique de filtrage-dosage, de masquage voire de désabonnement qu’il n’est pas toujours aisé d’assumer. En d’autres termes, Facebook ne facilite pas une bonne gestion de l’information ; il inciterait plutôt à un cumul perpétuel, géré d’une façon qui peut desservir l’utilisateur .

Un newsfeed chaotique

À la rigueur, nous pourrions davantage céder au chant des « likes » s’ils ne nous conduisaient inévitablement à éprouver l’une des limites de Facebook aujourd’hui, comparativement à des outils tels que Netvibes ou Twitter : le newsfeed est un fil unique. Les informations qui proviennent de mes  chères sources se retrouvent pêle-mêle dans un seul et même flux.

Il faudrait bien sûr nuancer et parler, entre autres, du « mur » et de certaines applications dont les contenus peuvent être affichés ça et là, hors du newsfeed. Mais rien de comparable avec la souplesse d’un portail tel que Netvibes, sur lequel l’utilisateur dispose de bien plus de latitude pour organiser ses sources en différents widgets, répartis sur différentes colonnes et différentes pages. L’utilisateur peut également adapter la forme des widgets à la nature des contenus (plutôt iconiques ou plutôt textuels, par exemple) ; adapter leurs dimensions à leur importance à ses yeux ou au rythme de publication de la source. Twitter, de son côté, offre la possibilité de créer d’autres fils de sources (selon telle ou telle thème par exemple). Une fonction précieuse ; personnellement, sur Twitter, je me reporte souvent à mes fils thématiques (bien qu’ils soient perfectibles), délaissant le fil principal dont le contenu, du fait que je m’intéresse à divers sujets, passe sans cesse du coq à l’âne… comme sur Facebook.

Les ambiguïtés du « like » et le côté rudimentaire de Facebook en tant qu’outil d’abonnement auraient donc de quoi amener l’utilisateur à changer ses pratiques : à faire le grand ménage dans ses « intérêts » et à éviter, parmi les nouveaux « likes », ceux qui sont susceptibles de se convertir en autant d’« intérêts » , là où une alternative existe. Facebook me semble surtout à utiliser pour les échanges avec les relations amicales et la famille, car c’est là et pas ailleurs que je peux retrouver la plupart d’entre eux, où qu’ils se trouvent. Les limites de cette plateforme m’apparaissent à peu près adaptées à un tel usage, pas beaucoup plus. À choisir entre un nouvel « ami » et un nouveau « like » dans Facebook , je sacrifie le dernier sans hésiter.

La veille informationnelle proprement dite, elle, serait plutôt à mettre en place sur un portail personnel (Netvibes ou un équivalent), qui peut comporter un widget Facebook parmi bien d’autres choses. Ceci me semblerait contribuer à remettre Facebook à sa vraie place, compte tenu des caractéristiques et limites identifiées ci-dessus — ainsi que des doutes dont il fait notoirement l’objet en matière d’utilisation des données personnelles. L’adoption d’un portail personnel permet de faire de Facebook seulement un flux parmi d’autres, plus qu’un flux qui recevrait tous les autres flux, ce qu’il cherche à devenir mais sans que les utilisateurs y aient forcément intérêt. Ce dernier scénario ne me semble envisageable avec Facebook que dans le cas où les flux ajoutés dans Facebook sont peu nombreux et/ou peu abondants.

Billet initialement publié sur Iconique, un blog de Culture visuelle

>> Illustration CC Loguy pour OWNI

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La revanche des esprits moyens http://owni.fr/2010/10/25/la-revanche-des-esprits-moyens-3/ http://owni.fr/2010/10/25/la-revanche-des-esprits-moyens-3/#comments Mon, 25 Oct 2010 10:50:10 +0000 Jean-Marc Galan http://owni.fr/?p=166 Dans la forêt de projets de science participative « Foldit », qu’on pourrait traduire par “pliez-le”, tient le haut du panier. Que veut-on plier ? Des protéines bien sûr ! Les protéines, quand elles sont fabriquées dans la cellule sont d’abord linéaires, comme des colliers de perles. En quelques nanosecondes, elles se replient sur elles-mêmes pour former une structure 3D essentielle à leur bon fonctionnement. Déterminer la structure 3D des protéines est un problème important en biologie. On peut le faire expérimentalement, dans un tube à essai, c’est long, coûteux, et cela ne marche pas avec toutes les protéines. On peut aussi le simuler par ordinateur, mais il faut une puissance de calcul énorme.

Foldit est un jeu en ligne qui fournit à l’internaute de véritables séquences de protéines dépliées, à lui de trouver les solutions de repliement les moins coûteuses en énergie, les plus élégantes. Le jeu ne nécessite aucune connaissance en biochimie.

Foldit existe depuis 2008, et des championnats de repliement de protéines sont régulièrement organisés. Lors de ces championnats, des biochimistes professionnels sont confrontés à des joueurs acharnés de la communauté Foldit. Surprise, les meilleures équipes d’amateurs font au moins aussi bien (.pdf) que les équipes de professionnels.

La déculottée des maîtres

Cela m’a rappelé une deuxième histoire :

1997 : l’ordinateur Deep Blue bat Garry Kasparov aux échecs. Garry Kasparov invente alors les échecs avancés, où l’homme ne combat plus l’ordinateur mais est assisté par la machine. Des tournois sont organisés où des équipes constituées de paire d’homme/machine, s’affrontent entres elles. Résultat étonnant : les paires gagnantes ne contiennent pas les meilleurs maîtres d’échec,  ni les programmes les plus performants… non, les paires gagnantes sont constituées de jeunes geeks, joueurs d’échecs moyens, qui utilisent des programmes d’échec grand public.

Dompter les outils

Ces 2 histoires semblent vouloir nous dire la même chose : pour certaines activités, ce n’est pas le degré de connaissance en soit qui importe, ce n’est pas non plus la puissance de la machine dont on dispose… Par contre, l’habileté à utiliser l’ordinateur: savoir quoi en attendre, à quel moment l’utiliser, quand ne pas l’utiliser, quand vaut-il mieux faire confiance à son intuition qu’à la machine… Ce sont ces compétences là qui font la différence. Pour le dire vite, ce qui décisif c’est savoir faire le meilleur usage de la machine.

Au delà des échecs et du pliage de protéines, chercher la meilleure alliance possible avec les machines, c’est notre problème à tous face aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Et là, cela ne vous aura pas échappé, nous ne sommes pas tous égaux. Certains paramètrent savamment leur e-mail, gèrent les fils RSS et leur profil sur les réseaux sociaux… en général, ceux-là savent aussi quand il faut couper la connexion. D’autres se débattent douloureusement avec ces outils, d’autres encore les boycottent et s’en privent, ou à l’inverse sombrent dans la surconsommation et l’overdose.

Heureusement que le système éducatif français dans sa grande sagesse l’a anticipé! Heureusement qu’il forme nos élites à maîtriser les usages et pas à ingurgiter des connaissances d’une utilité douteuse aussitôt oubliées une fois l’examen passé…

>> Article initialement publié sur Recherche en cours.

Illustrations Creative Commons par futileboy et Haukur H.

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La revanche des esprits moyens http://owni.fr/2010/10/25/la-revanche-des-esprits-moyens/ http://owni.fr/2010/10/25/la-revanche-des-esprits-moyens/#comments Mon, 25 Oct 2010 08:07:56 +0000 Jean-Marc Galan http://owni.fr/?p=32738 Dans la forêt de projets de science participative « Foldit », qu’on pourrait traduire par “pliez-le”, tient le haut du panier. Que veut-on plier ? Des protéines bien sûr ! Les protéines, quand elles sont fabriquées dans la cellule sont d’abord linéaires, comme des colliers de perles. En quelques nanosecondes, elles se replient sur elles-mêmes pour former une structure 3D essentielle à leur bon fonctionnement. Déterminer la structure 3D des protéines est un problème important en biologie. On peut le faire expérimentalement, dans un tube à essai, c’est long, coûteux, et cela ne marche pas avec toutes les protéines. On peut aussi le simuler par ordinateur, mais il faut une puissance de calcul énorme.

Foldit est un jeu en ligne qui fournit à l’internaute de véritables séquences de protéines dépliées, à lui de trouver les solutions de repliement les moins coûteuses en énergie, les plus élégantes. Le jeu ne nécessite aucune connaissance en biochimie.

Foldit existe depuis 2008, et des championnats de repliement de protéines sont régulièrement organisés. Lors de ces championnats, des biochimistes professionnels sont confrontés à des joueurs acharnés de la communauté Foldit. Surprise, les meilleures équipes d’amateurs font au moins aussi bien (.pdf) que les équipes de professionnels.

La déculottée des maîtres

Cela m’a rappelé une deuxième histoire. 1997 : l’ordinateur Deep Blue bat Garry Kasparov aux échecs. Garry Kasparov invente alors les échecs avancés, où l’homme ne combat plus l’ordinateur mais est assisté par la machine. Des tournois sont organisés où des équipes constituées de paires d’homme/machine, s’affrontent entres elles. Résultat étonnant : les paires gagnantes ne contiennent pas les meilleurs maîtres d’échecs,  ni les programmes les plus performants… non, les paires gagnantes sont constituées de jeunes geeks, joueurs d’échecs moyens, qui utilisent des programmes d’échecs grand public.

Dompter les outils

Ces deux histoires semblent vouloir nous dire la même chose : pour certaines activités, ce n’est pas le degré de connaissance en soit qui importe, ce n’est pas non plus la puissance de la machine dont on dispose… Par contre, l’habileté à utiliser l’ordinateur : savoir quoi en attendre, à quel moment l’utiliser, quand ne pas l’utiliser, quand vaut-il mieux faire confiance à son intuition qu’à la machine… Ce sont ces compétences là qui font la différence. Pour le dire vite, ce qui est décisif, c’est savoir faire le meilleur usage de la machine.

Au-delà des échecs et du pliage de protéines, chercher la meilleure alliance possible avec les machines, c’est notre problème à tous face aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Et là, cela ne vous aura pas échappé, nous ne sommes pas tous égaux. Certains paramètrent savamment leur e-mail, gèrent les fils RSS et leur profil sur les réseaux sociaux… En général, ceux-là savent aussi quand il faut couper la connexion. D’autres se débattent douloureusement avec ces outils, d’autres encore les boycottent et s’en privent, ou à l’inverse sombrent dans la surconsommation et l’overdose.

Heureusement que le système éducatif français dans sa grande sagesse l’a anticipé ! Heureusement qu’il forme nos élites à maîtriser les usages et pas à ingurgiter des connaissances d’une utilité douteuse aussitôt oubliées une fois l’examen passé…

>> Article initialement publié sur Recherche en cours.

Illustrations Creative Commons FlickR par futileboy, Haukur H., Argonne National Laboratory

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A quoi me sert Twitter http://owni.fr/2010/01/12/a-quoi-me-sert-twitter/ http://owni.fr/2010/01/12/a-quoi-me-sert-twitter/#comments Tue, 12 Jan 2010 10:24:57 +0000 Samuel (Authueil) http://owni.fr/?p=6929

Cela fait un certain temps que je suis sur Twitter. Comme beaucoup (la plupart même), je me suis longtemps demandé à quoi pouvait bien servir cet outil. J’ai mis beaucoup de temps à trouver la réponse, car quand on ne sait pas ce qu’on cherche, on ne risque pas de le trouver.

La première chose qu’il faut se demander, c’est “quel besoin”. Twitter est un outil qui peut répondre à certains besoins, pas à tous. Si on lui demande ce qu’il ne peut pas donner, on sera forcement déçu. On le sera aussi si on ne fait pas ce qu’il faut pour bien utiliser l’outil, qui peut se révéler plus ou moins chronophage et surtout addictif.

Twitter me sert à plusieurs choses.

D’abord à bavarder. Twitter, c’est du chat, et c’est cet usage qui est très addictif, car il faut suivre en permanence. Difficile de répondre à la volée à un twitt posté 24 heures plus tôt. Il faut être dans l’immédiateté. La barrière des 140 caractères n’est pas un problème, bien au contraire, ça oblige à suggérer (par un hashtag par exemple), à mettre du lien, de l’image. Plus besoin de faire une chaine de mail pour envoyer les images amusantes et autres trouvailles. On poste le lien, qui tourne sous forme de Retwitt. Ca permet de suivre un peu l’ambiance dans différentes communautés (les journalistes web, les blogueurs politiques…)

Twitter, c’est aussi de la veille. Là c’est plus sérieux, car pour moi, c’est l’utilité première de Twitter. J’y participe en tant que “récepteur” d’information mais aussi comme “émetteur”. Je me suis abonné à certains fils qui me paraissent pertinents, et je m’aperçoit qu’avec finalement assez peu de veilleurs, on arrive à avoir quasiment toute l’information pertinente. Mes centres d’intérêts tournent bien évidemment autour de la politique, du droit, de la communication (où j’inclus toutes les problématiques liées à la presse et au journalisme). Parmi les comptes que je suis (désolé pour ceux qui n’y sont pas, mais il faut faire des choix), il y a Astrid Girardeau, enikao, Calimaq, Ls01, François Guillot, Narvic.

Twitter n’est vraiment utile qu’a partir du moment où on a un certain nombre d’abonnements dans la “communauté” pertinente. Attention à ne pas en avoir trop non plus, car on est vite noyé dans le flot, surtout aux heures de pointe. Cela demande aussi d’y aller quotidiennement, sinon, on perd vite le fil. Le flux sur twitter est très rapide et remonter trop loin en arrière peut s’avérer fastidieux, sauf si on a des listes bien conçues. Et là, c’est un autre problème, car si seulement tout le monde se contentait de n’être que la petite étiquette qu’on lui a collé sur la tête.

L’outil est intéressant, complémentaire du blog. Il le restera tant que les communautés qui m’intéressent y sont. Le jour où ça migre vers une autre plate-forme, il faudra suivre. Finalement, ce qui compte, ce n’est pas l’outil mais les gens qui sont derrière. Je pense qu’on a un peu trop tendance à l’oublier.

» Article initialement publié sur Authueil > les commentaires valent le détour /-)

» Illustration par Matt Hamm sur Flickr

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